Lundis en Commun #2 : Premier tour, et après ?

2 avril 2020

Lundi 30 mars 2020, 80 listes participatives et membres de collectifs citoyens se sont retrouvés dans le cadre d’une conférence en ligne organisée par Action Commune. 5 ateliers se sont tenus, avec deux objectifs : Répondre aux problématiques des listes participatives qui ont émergé des ateliers de la Conférence#1 de la semaine précédente ; Permettre aux listes et collectifs de se rencontrer les uns les autres et de s’offrir un espace de partage d’expériences.

Lundi 30 mars 2020, 80 listes participatives et membres de collectifs citoyens se sont retrouvés dans le cadre d’une conférence en ligne organisée par Action Commune.
5 ateliers se sont tenus, avec deux objectifs :

  1. Répondre aux problématiques des listes participatives qui ont émergé des ateliers de la Conférence#1 de la semaine précédente ;
  2. Permettre aux listes et collectifs de se rencontrer les uns les autres et de s’offrir un espace de partage d’expériences.

Image for post

Les 80 participants se sont d’abord retrouvés en Plénière sur la plateforme Zoom pour une présentation des animateurs et des ateliers (Elisabeth Dau, Tristan Rechid, Olivier Pastor, David Bodinier, Amanda Flety, Thomas Simon et Léa Giraud).

Les participants se sont ensuite divisés en groupes de 15 pour une heure et demi d’atelier.

Atelier 1 : Qu’est-ce que dit la défaite électorale de la mandature participative de Saillans ? — animé par Tristan Rechid
Atelier 2 : La prise de décision collective en temps de crise : Comment trouver une verticalité juste et assumée dans des mouvements citoyens caractérisés par leur horizontalité? — animé par Olivier Pastor
Atelier 3 : Echanges d’expériences sur le rôle des municipalités et de la société civile dans le contexte de crise du COVID-19 — animé par David Bodinier et Amanda Flety, coordinatrice de CGLU
Atelier 4 : Raconter et comprendre : analyser ce qui a marché et ce qui n’a pas marché pendant la campagne. Création d’un groupe de volontaires pour écrire ensemble les enseignements des campagnes participatives — animé par Thomas Simon et Elisabeth Dau
Atelier 5 : Quels moyens de communication mettre en oeuvre pour permettre un maximum de transparence entre l’intérieur et l’extérieur de la mairie ? — animé par Léa Giraud

Voici le résumé des 5 ateliers :

Atelier 1 : Qu’est ce que dit la défaite électorale de la mandature participative de Saillans ?

Animé par Tristan Rechid

Retour sur l’expérience de Saillans, par Tristan Rechid :

  • Beaucoup de communes similaires à la morphologie de Saillans étaient représentées à l’atelier (villages et petites communes de — 10 000 hab.)
  • Parmi les leçons de l’échec électoral de Saillans, deux facteurs ont énormément joué d’après Tristan (parmi d’autres) : la surmédiatisation de Saillans a provoqué une réaction de repli chez certains habitants, voire de défiance vis-à-vis des journalistes et par ricochets, sur la liste participative ; le fait de terminer le mandat par un projet très politique est source de nombreuses frustrations : le PLU.

Synthèse des préconisations, par tous les participants :

  • Pour mener campagne dans un territoire similaire, il est important de :
    – prendre en compte les singularités de chaque territoire (chaque village est différent) ;
    – reconnaître l’importance du tissu local existant: associations, commerçants, propriétaires terriens (qui monopolisent souvent les décisions de par leurs poids économique dans la commune) ;
    – veiller à lever les tensions entre néo-ruraux (souvent porteurs de dynamiques nouvelles, de projets participatifs, d’autres manières de faire de la politique) et les “anciens” du village, d’où naît une confrontation avec des habitudes, des traditions et des manières de faire et prendre des décisions différentes ;
    – définir et bien expliquer les règles du jeu de la prise de décision collective via notamment une Constitution locale, des schémas de gouvernance clairs qui permettent d’expliquer pourquoi la verticalité peut quand même s’appliquer à certains endroits dans un modèle participatif.
    – ne pas négliger l’impératif de communication : transparence, inclusivité, développement de méthodes innovantes (communitiy organizing via la pensée de Saul Alinsky, design thinking via les projets de “transfo” de la 27° Région…) pour aller toucher des publics différents qui ne se mobilisent pas avec le même degré d’engagement.

Atelier 2 : La prise de décision collective en temps de crise : Comment trouver une verticalité juste et assumée dans des mouvements citoyens caractérisés par leur horizontalité?

Animé par Olivier Pastor

Lien de la présentation d’Olivier Pastor : ici.

  • Très important d’être clair dans les schémas de fonctionnement et dans les intentions de participation. Quels buts, quelles méthodes.
  • Les différents niveaux de participation : information, consultation, co-décision, co-construction.
  • Revenir au début du processus lorsque l’on bute pour comprendre pourquoi et où ça bloque : a-t-on bien clarifié le rôle de chaque personne, sa légitimité, la clarté du processus ?
  • La signature d’une charte est importante pour que tout le monde évolue dans le même cadre consenti. Cela permet de faciliter orientations et prises de décision.
  • Tout ne doit pas rester complètement ouvert car quand on a bien avancé, il ne faut pas recommencer de zéro. D’où l’importance de la clarté du cadre pour les personnes qui rejoignent le processus en cours de route.
  • Un groupe “animation de la démocratie locale” pour faire la navette entre l’interne et l’externe est essentiel pour garder un lien constant avec l’extérieur.
  • En temps de crise : définir ce qui est vital, essentiel, justifier les modes de fonctionnement. Attention à ne pas céder au culte de l’urgence, à ne pas renoncer à des choses qu’on a jugés essentielles au début avec le collectif.
  • On peut comparer l’entre deux tours de chaque élection à des situations de crise : on doit prendre des décisions en 24h. Il faut donc bien identifier et anticiper les choses pour ne pas être dans le culte de l’ultra efficacité des schémas pyramidaux.
  • Le temps de crise permet d’observer et de définir les procédés les plus efficients.
  • Parfois, des comportements parasitent les intentions démocratiques initiales. Il est important de penser en amont à un processus d’exclusion. => d’où l’importance de rédiger une charte précise, un règlement intérieur.
    – Exemple de principes internes qui mentionnent les procédures d’exclusions (Archipel Citoyen de Toulouse) : lien.
    – Un exemple de règlement intérieur par l’Association des maires de France : lien.
    Méthode pour juger du niveau d’urgence et choisir la bonne personne pour traiter cette urgence : lien.

Atelier 3 : Echanges d’expériences sur le rôle des municipalités et de la société civile dans le contexte de crise du COVID-19

Animé par David Bodinier et Amanda Flety

Quelles sont les initiatives prises dans vos municipalités ou dans collectifs ?

  • Alimentation :
    – Mise en relation des producteurs locaux avec les habitant-es de la commune + trouver un local pour assurer une permanence.
    – A Grenoble : concertation réussie avec la Mairie pour l’alimentation de proximité : en quelques jours, la mairie a obtenu une dérogation du préfet pour se poser en tant que garant de la bonne organisation des marchés. (Généralisé depuis en France suite à la mobilisation de la confédération paysanne).
  • Communication :
    – Création d’une radio locale pour se venir en aide, s’organiser (courses, aide aux plus démunis) et donner des messages de soutien.
    – Tableur pour recenser besoins des habitants et trouver des bénévoles pour y répondre.
  • Solidarité :
    – A Marseille dans les quartiers nord : ouvrir les wifi entre voisins pour donner l’accès internet à ceux qui ne l’ont pas pendant la période de confinement.
  • Obstacles : Difficile de porter des initiatives quand on est une liste en opposition avec l’équipe élue actuelle → La porte nous est fermée en vue du 2e tour…

Intervention d’Amanda Flety sur les échanges entre collectivités locales à travers le monde suite au Covid 19 :

CGLU = grand réseau de 250 000 villes à travers le monde + des réseaux de pouvoirs locaux. Amanda : “La commission pour laquelle je travaille regroupe des villes à travers le monde qui font le pari que par l’international et la mise en réseau, on peut changer le monde en partageant expériences locales”.

  • Les personnes sans abris en temps de confinement :
    – Mobilisation d’équipements publics mais dangereux de mettre trop de gens dans un même espace, trop forts risques de contagion.
    – En Italie : Négociation avec AirBnB : contraint de mettre à dispo des logements et parfois négociation avec des hôtels pour mise à l’abri de personnes à la rue, migrants, réfugiés…
  • Espoirs suite à cette crise :
    – naissance de nouvelles formes de solidarités
    – mise en lumière de questions posées depuis plusieurs années.
    – accélérateur de transition
  • A Barcelone et à Angers: plateforme Decidim > sorte de “facebook” dédié à la participation citoyenne. La municipalité a mis la plateforme au service de la solidarité dans le contexte de crise Covid : division de la plateforme par quartier pour partager des infos, proposer ou demander de l’aide (système de santé à proximité, relayer les boucles whatsapp dédiées à tel ou tel sujet…).

Idées des participants de l’atelier :

  • Ouvrir un gymnase pour des consultations Covid 19 ;
  • Permettre un accueil des enfants du personnel médical (étendre à d’autres corps de métier : policiers municipaux, aides à domicile, commerçants..) ;
  • Stationnement gratuit sur la voie publique ; transports à la demande pour les soignants et autres ;
  • Service d’imprimerie pour les devoirs des enfants.

Conclusion :

  • La crise est l’occasion de réinventer l’autonomie et la solidarité, de revoir les manières de travailler mais aussi d’habiter.
  • Même si on est une petite liste, qu’on ait perdu ou gagné, il faut agir en ce sens et y aller quelque soit notre position.

Ressources :

Atelier 4 : Raconter et comprendre : analyser ce qui a marché et ce qui n’a pas marché pendant la campagne. Création d’un groupe de volontaire pour écrire ensemble les enseignements des campagnes participatives

Animé par Thomas Simon et Elisabeth Dau

L’idée de cet atelier est de s’entendre sur le format d’un commun à créer dans les 6 mois qui suivent les élections municipales, pour échanger sur ce qui a fonctionné ou pas pendant la campagne.

Ce qui a marché dans votre liste :

  • Les outils numériques : (mattermost) ainsi que sur les téléphones portables (whatsapp, telegram) ;
  • “Noyau dur du collectif pendant la campagne : 300 personnes. L’outil Discord nous a beaucoup aidé”.
  • Rédaction du programme en assemblées citoyennes régulières + trois grands événements pour rendre cela festif ;
  • “12 ateliers participatifs sur des thèmes précis et limités à une dizaine de personnes pour écrire le programme” ;
  • Forums citoyens tous les mois ;
  • Balades actives commentés de la commune ;
  • Des “fondues citoyennes” ;
  • Réunions de quartier où les voisins invitent leurs voisins ;
  • le porte à porte
  • Des vrais/faux conseils municipaux dans la rue

Ce qui n’a pas marché dans votre liste :

  • Les outils numériques :
    – manque de discipline des participants (fil de discussion encombrées par des bavardages ou des discussions privées),
    – flux de conversations trop important,
    – difficulté à adapter les outils dans les grosses villes (trop grand nombre de participants)
  • Se présenter à une élection nécessite d’avoir des compétences diversifiées (capacité rédactionnelle, graphisme, développement web, facilitation, attaché de presse …) il est nécessaire d’avoir en amont une bonne vision des compétences nécessaires pour les déployer pendant la campagne.
  • Il existe un livre de recettes de l’échec créé par des listes espagnoles.

Deuxième tour : Que faudrait-il mettre en place ? :

  • Il y a une nécessité de transparence pour savoir qui fait quoi, à quel moment (pour s’inspirer : la boussole démocratique peut être utile).
  • Le Jardin d’Action Commune sert de plateforme pour se coordonner
  • Mettre en récit la campagne pour donner envie et donner du sens.

Atelier 5 : Quels moyens de communication mettre en oeuvre pour permettre un maximum de transparence entre l’intérieur et l’extérieur de la mairie ?

Animé par Léa Giraud

L’intérêt de cet atelier consistait à partager ses problématiques, ses besoins, ses questionnements concernant les moyens de communication à mettre en œuvre pour une meilleure transparence de son activité (au sein d’un conseil municipal, dans la majorité ou l’opposition) ou d’un collectif citoyen extérieur.

Partage de constats :

  • Très peu ou aucune transparence sur la gestion du budget dans les communes
  • Difficile d’avoir les chiffres durant la campagne, même les journalistes ont du mal à avoir les informations.
  • La gouvernance ouverte et la transparence via la communication sont 2 éléments intimement liés.

Partage de questionnements :

  • Que met-on dans un relevé de décisions ? Comment le communiquer ?
  • Tout au long du mandat, comment arriver à communiquer les actions de l’opposition auprès des citoyens ?
  • Comment continuer la démocratie participative lorsqu’on n’est pas élu ? Et sur quels sujets ?
  • Où mettre la transparence ? Car quand on est tout transparent, on finit par manquer de lisibilité…
  • Comment sensibiliser les élus à la transparence ? Comment les engager ?
  • Quel type d’information intéresse les gens ? est utile ?

Quels outils permettent de donner plus de transparence à la politique de la commune ? Quelles idées ou actions déjà mises en oeuvre pour répondre à ces questions ?

  • Il est nécessaire de rénover la communication. Le journal trimestriel n’est pas adapté et souvent décalé. => Ne pas tout faire reposer sur le conseil municipal : recruter des citoyens, organiser des événements festifs pour parler de participation.
  • Pour chaque action municipale, définir un processus démocratique en fonction de l’enjeu de l’action. Il est important de communiquer sur ce processus dans le but de décider collectivement sur quelles actions on communique.
  • Premier principe : que TOUS les documents publics soient rendus publics. A minima respecter la loi !
  • Quand on est dans l’opposition, les initiatives de rendre transparent le fonctionnement de la mairie force les anciens élus à faire des efforts vers plus de transparence. Impact de l’opposition fort !
  • Intéressant de rendre accessibles les données brutes. On s’en fiche des synthèses car on fait dire aux chiffres ce qu’ils veulent. Par exemple, accès aux comptes administratifs, au grand livre des comptes, aux documents d’origine.
  • Ateliers pour former les habitants au début de mandat. Il faut sensibiliser ET former à la démocratie. Pour participer, les citoyen.ne.s sont légitimes, mais doivent aussi se sentir légitimes et compétent.e.s !
  • Réfléchir à l’ergonomie du Conseil municipal : comment Maire et Conseiller-res sont assis-es, comment les citoyen-nes peuvent être installé-es …
  • Volonté d’avoir un espace où les habitants puissent s’exprimer sur les délibérations afin que les élus aient une vision de l’avis des habitants. Decidim ?
  • Annecy : sur le principe de l’Open Data, tous les documents sont en libre accès. Rediffusion en direct conseils municipaux, podcast possibles, observatoire des pratiques démocratiques.
  • Lorsqu’on donne un sujet précis, les gens viennent. Il faut être clair sur ce que les gens vont pouvoir faire ou dire. Ne pas être que consultatifs. En profiter pour faire de l’éducation populaire. Les gens doivent comprendre l’influence qu’ils peuvent avoir sur les décisions.
  • Les “groupes projets” ouverts aux citoyens fonctionnement bien car le temps donné est plutôt court et les objectifs clairs.
  • Le règlement intérieur peut-être un formidable outil pour cadrer la transparence et la participation.
  • Modèle de règlement intérieur fait par l’association des maires de France : lien.