Saint Loubès – Bilan après 6 mois
27 septembre 2021
En janvier 2021, l'équipe municipale de Saint-Loubès a redéfini, avec l'aide de Fréquence Commune, le fonctionnement interne de la mairie pour remettre au centre une réflexion politique commune et pour ouvrir les grandes décisions à l’ensemble de l’équipe municipale. Deux instances ont été créées : l'une exécutive (bureau municipal) et l'autre politique.
Six mois après, nous interrogeons les élus pour savoir si la mise en pratique de ce nouveau schéma municipal est efficace aujourd’hui.
Sébastien, garant de la démocratie interne
Quels principaux changements constates-tu depuis la formation ?
« Cette formation a permis de redonner du souffle et une impulsion à notre fonctionnement. L’exercice de cette formation était de placer l’instance politique au cœur de notre fonctionnement, d’en faire l’élément central. Après six mois, cela fonctionne très bien, le bilan est très positif.
Le bureau municipal a aussi beaucoup changé suite à la formation. Avant, tout se traitait dans le bureau municipal. Les réunions étaient hebdomadaires. Les membres du bureau (maire + 8 adjoints + 3 conseillers délégués donc 11 qui ont des délégations) ne se réunissent maintenant que deux fois par mois.»
Il y a six mois, lors de la formation, tu as été élu garant de la démocratie interne par une élection sans candidat. Quel a été ton rôle ces derniers mois ?
« Nous sommes deux à avoir ce rôle de garant. Avec Harag, nous sommes chargés de vérifier que les sujets soient répartis par l’animatrice (Alice) dans les bonnes instances (entre l’instance exécutive et l’instance politique).
Notre rôle est aussi d’écouter les élu·e·s, pour recueillir leurs besoins ou leurs tensions. Nous avons donc aussi un rôle de médiation.
Nous avons aussi un rôle important sur le rappel des règles de fonctionnement qu’on s’est fixées car six mois après la formation, on sent un relâchement sur le cadre instauré. Il faut sans cesse des rappels sur les règles : «on est là pour tel sujet », « ça va durer tant de temps », « voici les règles de fonctionnement que l’on doit respecter ».
Il faut également qu’on travaille sur le rôle de la maire. On a une maire qui a beaucoup de qualités et une capacité de travail colossale. Elle reste omniprésence sur tous les sujets. En tant que garant de la démocratie interne, on aimerait travailler avec elle sur son rôle car il n’est pas forcément souhaitable qu’elle soit trop indispensable ou omniprésente dans les groupes de travail.
Ces rôles de garants et le rôle d’animateur font partie intégrante de notre fonctionnement.»
Alice, animatrice au bureau municipal et dans l’instance politique
Dans votre schéma de gouvernance, vous avez créé une instance exécutive (bureau municipal) et une instance politique. Comment arrivez-vous à arbitrer ce qui se décide dans chaque instance ?
« Pour l’instance politique, on a un fichier disponible en ligne où tou·te·s les élu·e·s peuvent proposer des sujets à mettre à l’ordre du jour. Les garants du schéma de gouvernance (Sébastien et Harag), arbitrent en vérifiant que les sujets ont bien leur place dans l’instance politique.
Nous faisons des réunions d’instance politique toutes les 2 ou 3 semaines. Chaque personne qui vient déposer un sujet en instance politique doit venir avec une présentation très claire. Quand le sujet amené n’est pas assez clair, il est demandé aux personnes de revenir la fois suivante avec un sujet plus mûr pour qu’il soit décidé efficacement par l’ensemble du groupe.
Je pense que comme beaucoup d’équipes municipales, on est happé par des sujets urgents, les sujets « opérationnels » du quotidien, nous empêchant parfois de travailler sur les projets sans réelle transformation de notre programme politique. Après un an de mandat, il est nécessaire qu’on se penche à nouveau sur certains sujets de fond. C’est pour cela que nous avons décidé de rendre plus régulière cette réunion d’instance politique pour avancer plus vite sur les sujets de fond politiques. »
Comment garantissez-vous une vision politique commune, globale et cohérente ?
« Dans l’instance politique, on a repris les grandes lignes définies lors de notre campagne des élections municipales qui définissent notre vision commune. On s’appuie constamment là dessus pour vérifier que nous sommes bien alignés sur les points structurants de notre politique. Il reste des sujets qui n’ont pas été définis pendant la campagne et la formation avec Fréquence Commune nous a permis de trouver une méthode pour les expliciter et ainsi de se positionner sur une vision commune. »
Pour toi, qu’est-ce qui garanti la gouvernance partagée dans votre équipe municipale ?
« Pour moi, la clé c’est l’animation des réunions. Le rôle d’animateur·trice est indispensable pour cadrer le propos et le temps dans le but d’aller efficacement vers la prise de décision. L’efficacité de nos réunions est d’autant plus importante que nous sommes une équipe assez jeune et nous avons tou·te·s un travail à coté de notre engagement à la mairie.
Aussi, en tant qu’animatrice, je cherche à systématiquement résumer et synthétiser les décisions que nous avons prises en groupe à la fin de chaque réunion pour s’assurer qu’on est tou·te·s d’accord sur le sujet et la décision. Je ne suis pas seule à gérer l’animation des réunions et je suis épaulée par une autre élue (Sandrine) qui se charge souvent de gérer le temps et les prises de parole.
Je suis également aidée par les garants du schéma de gouvernance interne (Sébastien et Harag) qui m’aident beaucoup dans mon rôle d’animatrice. A la fin de chaque réunion, je débriefe avec eux sur la qualité de l’animation. »
Est-ce que votre nouveau fonctionnement a convaincu des élus d’opposition de venir travailler avec vous ?
« Les groupes de travail leur sont ouverts, mais malheureusement ils n’arrivent pas à être dans une dynamique collaborative. Quoi qu’on décide, ils sont systématiquement contre, par principe. Sur des choses trop politiques, j’ai arrêté d’inviter les élus de la minorité car ils ne jouent pas le jeu, ils sont toujours dans un principe d’opposition. »
Tu as un travail à côté de la mairie. Comment arrives-tu à le concilier avec ton engagement en tant qu’élue ?
« Je suis architecte et j’ai monté mon propre cabinet. Je suis aussi maman. Et à la mairie, j’ai la délégation école, petite enfance, culture et patrimoine.
Pour être honnête, je n’arrive pas encore à concilier ma vie privée, mon métier et mon mandat d’élue ! C’est surtout là où c’est difficile car il est nécessaire de trouver un équilibre. Mon mandat d’élue cumulé à mon activité professionnelle représentent une charge mentale énorme, beaucoup de pression et de stress. Je sens bien que je joue avec mes limites. En cette fin de première année de mandat, je me sens fatiguée mais tout cela est si passionnant ! Je me sens très utile en tant qu’élue et je n’ai pas envie d’arrêter. Pour cette nouvelle année qui démarre, je dois mieux m’organiser afin d’équilibrer toutes mes activités et trouver un rythme qui me permette de tout concilier sans me mettre dans le « rouge ».
Ce qui me tient à coeur et qui est très important pour nous, en tant qu’équipe municipale, c’est de transformer les façons de faire la politique dans la commune. On observe une désertion des habitants dans les décisions politiques et dans la vie démocratique de leur commune, de leur pays. On souhaite les remettre au coeur des processus de décision afin des les faire « raccrocher » et croise en la démocratie. A l’échelle locale, on peut y parvenir et c’est passionnant. Travailler avec le citoyen et le faire participer dans les décisions structurantes pour la commune est une promesse de campagne que nous avons a cœur de tenir. Il est évident que cela nous donne plus de travail pendant le mandat, car il faut aussi en parallèle gérer les affaires courantes de la commune, mais pour nous, mener cette transformation est essentiel.»