Tribune de Fréquence Commune

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26 juin 2024

Voter oui, mais surtout préparer la suite pour combattre la montée de l'extrême-droite à sa source.

La montée du Rassemblement National et sa possible arrivée au pouvoir représente une grave menace pour l’État de droit et les fondements démocratiques de la France. Le projet politique du Rassemblement national, bien que présenté sous un vernis de respectabilité, reste profondément discriminatoire et autoritaire.

Il est donc crucial de prendre la mesure de l’enjeu et de se mobiliser en allant voter les 30 juin et 7 juillet pour défendre nos libertés fondamentales.

Pour les personnes n’ayant pas la nationalité française, celles qui sont racisées, pour les personnes LGBTQIA+, pour les femmes, pour les chômeurs, et plus largement pour les personnes qui luttent pour une société plus juste, plus démocratique et plus écologique au quotidien, l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national signifierait une régression majeure de leurs droits et libertés. Au-delà des restrictions par les lois, c’est aussi la recrudescence d’actes de violences et de discriminations, envers les personnes ciblées par leur idéologie, qui reste inquiétante à court terme.

La liberté d’expression et d’association, piliers essentiels de la démocratie, seraient également menacées. Le Rassemblement national a historiquement manifesté son hostilité envers les contre-pouvoirs, qu’il s’agisse des médias, des syndicats ou des associations.

Les politiques néolibérales menées ces dernières décennies ont préparé le terrain pour cette montée de l’extrême-droite. Le démantèlement des services publics, particulièrement dans les zones rurales, et l’accroissement des inégalités ont nourri un sentiment d’abandon et de colère dont le Rassemblement national a su tirer profit.

Les hommes et les femmes politiques, de droite, du centre et de la gauche, portent une part de responsabilité partagée dans la crise de confiance actuelle. Leur incapacité à répondre aux attentes des citoyennes et des citoyens, leur incapacité à proposer un projet de société commun et leur posture de supériorité se targuant d’être les “représentant.e.s” du peuple sans jamais lui donner voix au chapitre sont aussi le terreau de la montée de l’extrême-droite.

Pour contrer la montée du fascisme, aujourd’hui et demain, il est crucial de créer des espaces de débat et de dialogue ouverts à tous, indépendamment des idéologies, au plus près des citoyennes et citoyens, dans les communes. C’est en favorisant les échanges et la compréhension mutuelle que nous pourrons faire prendre conscience des dangers que représente l’extrême-droite pour nos libertés individuelles et collectives. Cependant, ce cadre inclusif n’en demeure pas moins exigeant. Dans les assemblées citoyennes ainsi formées, tout discours raciste ou discriminatoire doit être fermement rejeté. Le respect mutuel, quel que soit son genre, sa race ou son statut social, est la condition sine qua non du dialogue et de la démocratie.

La bataille ne s’arrêtera pas au vote des législatives de 2024. La république représentative crée un terrain propice à la colère populaire en polarisant la politique, en contraignant les gouvernant.e.s à la surenchère de promesses irréalisables pour se démarquer et en excluant la plupart des citoyennes et citoyens des décisions politiques. Fatiguée des promesses non tenues, de la domination d’une élite qui décide seule et dans laquelle elle ne se reconnaît pas, une partie des citoyennes et citoyens se tourne vers l’extrême-droite en cherchant une rupture politique.

Pourtant, l’expérience des communes participatives au pouvoir depuis 2020 démontre que renforcer la capacité d’agir des citoyennes et citoyens, en leur permettant de décider directement des lois et politiques publiques qui les concernent, peut contribuer à réduire les inégalités et construire une société plus juste et inclusive.

Nous en sommes convaincus : bâtir une véritable alternative démocratique, capable de prendre en compte les besoins et les points de vue de chacun pour construire des solutions qui répondent à l’intérêt général, est notre meilleure arme pour lutter efficacement contre la menace fasciste.

Nous resterons ainsi engagés aux côtés de toutes celles et ceux qui souhaitent organiser dans leurs communes des fonctionnements démocratiques et des instances de décision qui ouvrent un nouvel imaginaire de société. En cela, les élections municipales de 2026 sont un formidable rendez-vous autour duquel nous retrouver. Prendre le pouvoir pour le partager, c’est lutter contre l’obscurantisme et la division. Prendre le pouvoir pour le partager, c’est proposer une alternative concrète, joyeuse et transformatrice. 

Ondine Baudon, Bruno Cristofoli, Lisa Daoud, Elisabeth Dau, Eloïse Fontaine, Jonas George, Mathilde Houzé, Tristan Rechid et Thomas Simon de Fréquence Commune